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La métaphore a été prononcée par un chirurgien américain lors dun congrès de coelio-chirurgie aux Etats-Unis, et illustre bien limpact mondial de cette nouvelle arme thérapeutique développée en grande partie par des chirurgiens français depuis plus de dix ans.
En effet, avant 1987 existait déjà une technique dabord abdominale endoscopique, utilisée surtout comme acte diagnostique: la coelioscopie (du grec koilia, entrailles et skopein, regarder) ou laparoscopie (du grec lapara, flanc). Cette méthode permettait aux gynécologues de pratiquer des prélèvements bactériologiques de la cavité pelvienne et aux gastro-entérologues d'effectuer des biopsies hépatiques dirigées. Les optiques utilisées alors étaient similaires à celles employées de nos jours, mais moins performantes et, surtout, elles étaient utilisées en vision directe (cest à dire loeil du chirurgien en contact avec loculaire de loptique).
Trois conséquences en découlaient :
Tout a changé dès lapparition des caméras vidéo miniaturisées adaptables sur loculaire de loptique. Ainsi, les conditions dasepsie chirurgicale sont récupérées. Lobservation de lacte pratiqué nest pas réservée au chirurgien, mais partagée par toute son équipe sur un écran de télévision. Il peut, même, être enregistré sur une cassette vidéo et analysé à posteriori. Pour couronner le tout, désormais loptique et la caméra peuvent être manipulées par un aide et le chirurgien retrouve ainsi ses deux mains libres pour opérer. Une étape d'expérimentation animale commence, avec une efficacité surprenante. Dès lors, les conditions pour le développement dune nouvelle technique étaient présentes.
Seulement, il fallait oser commencer...
Les premières interventions pratiquées par cette nouvelle voie coelioscopique, duraient plus longtemps que par la voie classique (deux heures pour une appendicite au lieu de trente minutes à ciel ouvert) et ont donc été un peu décourageantes.
Crédit image : Iroises communication.
Source : Fairview.
Mais, lintérêt réside dans la période postopératoire: le temps de reprise du transit intestinal dévient très court, passant de quelques jours à quelques heures, et le temps dhospitalisation passe dune moyenne de sept jours à quarante-huit heures.
Cest précisément cela la révolution.
Les explications sont très simples. Les multiples petites incisions pratiquées à la place de la grande laparotomie entraînent une agression minimale de la paroi abdominale. Les manoeuvres sont plus fines quà ciel ouvert (les instruments sont toujours plus petits quen chirurgie classique). L'hémostase est plus précise (loptique agrandit les organes sur lesquels on travaille). Désormais, ce ne sont plus les organes du malade qui sortent de la cavité abdominale mais «le chirurgien qui y entre» pour les traiter.
Les industriels nont pas tardé à se rendre compte de lavenir de cette nouvelle technique et ont mis en oeuvre tous les moyens nécessaires pour le développement dun nouvel équipement chirurgical de plus en plus sophistiqué, de plus en plus performant, contribuant ainsi à abréger le temps opératoire.
Au fil des ans, nous nous rendons compte que les complications (que lon pouvait craindre plus nombreuses par cette voie) sont moins importantes que dans la chirurgie à ciel ouvert. Cest ainsi que, actuellement, plusieurs spécialités chirurgicales développent de nouvelles techniques vidéo-assistées. La chirurgie rachidienne, thoracique et même la chirurgie à coeur ouvert sont désormais possibles par cette voie.
En effet, si les indications sont bien posées et si le chirurgien a une expérience non seulement en vidéo-chirurgie, mais surtout en chirurgie classique, il existe à ce jour une très faible proportion des complications opératoires. En cas de problèmes lors dune intervention par voie endoscopique, le chirurgien doit être en mesure de les résoudre rapidement à ciel ouvert.
La chirurgie vidéo-assistée endoscopique, bénéficie (ou souffre...) de toutes les conséquences liées à sa médiatisation. Le succès, parfois exagéré, que connaît cette méthode justifie, comme toute autre technique chirurgicale, une évaluation rigoureuse, actuellement en cours à lAssociation française de chirurgie.
Cest dans un groupe familiarisé aux différentes techniques de traitement possibles (chirurgie classique et chirurgie vidéo assistée) que nous pourrons prouver les avantages pour les malades, pour léquipe chirurgicale et/ou en terme d'économie de santé.
Marcelo Rogier 12/98
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Source : Hôpital privé de Paris Essonne - Les Charmilles.
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